Lorsque la blessure est présente

Une ombre traversa en courant la forêt, dans un bruit mat. Les pattes de l'animal ne froissaient pas les fragiles feuilles mortes qui se brisaient comme du verre. Comme lui en ce moment même. Cette ombre s'était en fait le grand lion, le puissant roi de Narnia, qui fuyait la chose qui venait de l'attaquer. Du moins, il donnait l'impression de fuir. L'être maléfique était d'une puissance qu'Aslan avait sous-estimé : la plaie béante qui s'étalait sur le flanc du lion en témoignait. Le sang aspergeait l'herbe alentour, laisant une longue trace derrière l'animal qui ne s'en occupait pas. Le rythme du lion s'accéléra brutalement : le coeur battant, les oreilles tournés vers l'oreille, il distingua nettement l'ennemi qui le suivait dans les buissons. D'un bon prodigieux, le monarque fit un bond sur le côté pour ajouter une distance raisonnable entre la menace et lui. Déterminé, il se précipita vers la clairière la plus proche, avant de se stopper net pour faire face au démon. Pour l'instant l'endroit était vide. Un silence angoissant planait sur la scène. Un grognement s'échappa de la gorge du lion.
- Je ne pensai pas que je me rebattrai un jour avec toi.
Dans la nuit, Aslan apperçut les yeux aux reflets rouges de la chose qui ne se permit pas de répondre, préférant laisser échapper un rire sarcastique. Le grognement d'Aslan se transforma en rugissement alors que l'animal se jetait sur lui avec fureur.
Griffes, crocs, poils, sang, hurlements : le tout fut un mélange confus de violence et de haine qui se répercutait sur les deux adversaires. Ils se dressaient, fendaient l'air de leurs pattes griffus, leurs crocs s'abbattant avec force dans le poil de l'autre. Leur corps se rencontraient, tel deux colosses cherchant la destruction. Les crocs de l'autre s'enfoncèrent soudainement dans le cou du roi qui sentit la douleur envahir son être. L'ennemi serra avec sadisme, cherchant à obtenir la mort du lion qui pendant un moment, surpris de la force de l'adversaire, n'esquissa pas un geste de défense. Observant enfin le visage de la créature, Aslan eu un sursaut de rebéllion : sa patte se leva, et ses griffes se déchainèrent sur le visage ennemi qui, en sang, recula brusquement. Le roi en profita pour tenter de le renverser, mais l'autre en profita pour le porter un coup de croc à la poitrine. Oubliant la souffrance, Aslan se reporta sur son but, et dans un saut prodigieux mit la bête à terre. Abattant son immense patte, il asséna un coup des plus violent à l'autre qui poussa un gémissement. Les crocs du lion en profitèrent pour se planter dans la chair du monstre, serrant comme l'autre avait fait. L'ennemi se débattit, finit par repousser l'assaillant, et lançant un dernier regard assassin, promettant sa vengeance, disparu dans les bois.
Le monarque resta un moment immobile, avant de tomber brusquement dans un long gémissement. Lorsque son corps toucha terre, les yeux dorés du lion se fermèrent, le sol inondé du sang de l'animal...

Renard avait entendu de loin deux bêtes se confrontant. Il avait de suite songé à un de son clan fasse à une bête d'Ores, et il s'était précipité. Malheureusement, malgré sa petite taille, les racines et les branches l'avaient ralentit dans sa course contre la montre et il était arrivé trop tard... Heureusement pour lui qui, vu l'état de son monarque, serait mort.

Petit à petit, Renard dévisagea l'ombre étendu au sol, sans reconnaitre ici son bon roi. S'il l'avait reconnu, il n'aurait pu s'avouer sur le coup que c'était Aslan. Ce grand lion si majestueux ne pouvait être en si piteux état...

Le vent vint faire frissonner le renard tandis qu'il entreprenait de contourner la bête pour lui faire face et découvrir son visage. L'horreur lui apparut alors sous les yeux : Aslan!! C'était son roi, ici, évanoui, meurtri, étalé de tout son long sur ses herbes salies par le sang du démon... mais aussi de celui du grand roi!

Renard s'avança, la respiration entre coupée. Il fallait agir vite... Chercher de l'aide serait inutile et trop long. Personne ne serait là à temps pour aider le grand lion. Il fallait agir maintenant, de suite, dans l'immédiat. Cela dépendait de la vie du roi de Narnia.

"Aslan, mon seigneur? M'entendez-vous?!"

Cela ne servait peut être pas à rien que de tenter de le ramener à ses esprits.. Mr Renard espérait une réponse qui ne venait visiblement pas. Pourtant, la grand lion respirait encore bien.

"Aslan, je vous en prie, si vous m'entendez, si vous sentez ma présence, répondez moi! Il faut que je vous soigne!"

Le goupil fouilla la forêt du regard. Il y avait bien des plantes avec lesquels il aurait pu légèrement soulager son roi.
Il entreprit alors de monter à l'arbre le plus proche et d'en ramener quelques feuilles. Il n'avait pas une connaissance surdéveloppée en matière de médecine, mais il connaissait certaine plante grâce à sa ruse qui lui avait permis d'apprendre d'avantage que ce qu'il savait déjà.

Redescendant le plus efficacement possible, les griffes plantées dans le tronc, le corps vouté en arrière, il se précipita au chevet de son roi, la gueule pleine de feuilles. Il en déposa au sol et attendit une quelconques réactions de son roi. Avait-il réellement le droit d'appliquer des soins à Aslan sans son avis, peut être contre son gré?